Alors que le Master Plan cleantech vient d’être adopté le 19.1.2011 par la confédération suisse (voir article Tribune de Genève), voici un complément de réflexion sur l’enjeu de taille que représentent les cleantechs pour la Suisse et qui fait suite à notre article « Les cleantechs en Suisse: état des lieux ».
DES OBJECTIFS AMBITIEUX
Voici la vision et les objectifs énoncés dans le Master Plan cleantech suisse par le
Conseil fédéral et résumés de façon certes un peu réductrice par votre auteure.
Vision :
La Suisse entend assurer d’ici à 10 ans un rôle de leader au niveau international dans le domaine des cleantechs. La Suisse vise à réduire sa consommation de ressources à un niveau supportable pour la nature (empreinte écologique 1) à l’horizon 2100 et donne ainsi les impulsions en matière d’efficacité et d’économie des ressources.
« Nous avons rédigé et adopté cinquante mesures et recommandations qui permettront à notre pays d’atteindre cet objectif », Doris Leuthard au Forum suisse le 18.1.
Cependant les besoins de financement d’une telle ambition ne sont pas annoncés.
Objectifs :
- Devenir leader dans la recherche cleantechs
- Réaliser des progrès considérables dans le transfert de savoir et de technologie (notamment entre les hautes écoles et l’industrie)
- Devenir leader dans la production des cleantechs
- Faire des cleantechs un symbole de la qualité suisse
L’AVENIR DES CLEANTECHS, UNE QUESTION DE POSITIONNEMENT INTERNATIONAL ET NATIONAL
L’axe majeur international pour la Suisse semble être l’efficacité énergétique et l’économie de ressources ainsi que des marchés de niches très spécifiques dans le solaire, laissant les productions d’énergies de masse (ex solaire, stockage de l’énergie) aux mains d’une rude concurrence internationale (cf Chine et USA), même si certains fleurons du solaire suisse tirent encore leur épingle du jeu (voir Oerlikon Solar et sa technologie en couches minces de silicium). En 2010, le géant suisse ABB a gagné plusieurs palmarès en réalisant 2 des 10 plus grosses opérations mondiales de rachat dans le secteur de la gestion d’énergies. Efficacité énergétique et positionnement stratégique obligent! Voir l’excellent article de la Tribune.fr « 31 milliards d’Euros de deals en 2010 dans les cleantechs ».
Source: Calculs du Fraunhofer-Institut für System- und Innovationsforschung (ISI)23- Tableau importé du Master Plan cleantech.
Au plan national, les cleantechs requièrent des investissements massifs car elles adressent le besoin de grandes infrastructures (production d’énergies, traitement des eaux, gestion des déchets, mobilité) et relèvent de la responsabilité de l’Etat vis à vis des citoyens.
Les débats pro et anti-nucléaire actuels sur l’approvisionnement énergétique suisse à l’horizon 2025 vont bon train:
- à Genève depuis que les constituants genevois ont décidé en septembre 2010 de supprimer l’article qui bannit l’énergie nucléaire du canton. Article de la Tribune de Genève du 30.9.2009.
- à Berne et ailleurs en préparation de la votation populaire du 13 février pour déterminer l’avenir de la centrale nucléaire de Mühleberg (voir article de l’Hebdo).
On vit une bataille rangée de chiffres entre les anti-nucléaires qui démontrent la faisabilité énergétique par les énergies renouvelables et les pro-nucléaires qui brandissent la pénurie potentielle dès les années 2030. Une source essentielle d’information est le rapport Weinmann d’octobre 2009 (voir le résumé du rapport) qui démontre en chiffres qu’il est possible de remplacer la production des 3 centrales nucléaires actuelles (21 TWh/an) par des économies d’énergies et les énergies renouvelables (cumul de 28 TWh/an). Le site www.informationnucléaire.ch nous éclaire sur les coûts réels du nucléaire et surtout de son démantèlement. Edifiant!
L’accélération des mesures d’efficacité énergétique par exemple dans les bâtiments et l’habitat est en route. Quant à la production de nouvelles énergies renouvelables, elles subissent malheureusement des freins. Voir article sur la fronde anti-éolienne dans le Jura.
Pour revivre le débat animé télévisé sur la TSR, voir l’émission Infrarouge du 23.11.10 avec notamment Isabelle Chevalley, présidente d’Ecologie libérale et députée au Grand Conseil, Vaud et bien d’autres personnalités: « vous reprendrez bien une petite centrale nucléaire« .
Les gros enjeux nationaux commencent donc par la future politique d’approvisionnement du pays.
LES ENJEUX DES CLEANTECHS
Comment la Suisse pourrait-elle soutenir l’innovation dans les énergies renouvelables (ER) et surtout les nouvelles ER si elle fait le choix du nucléaire? Tout ne pourra pas être financé.
L’Etat semble vouloir activer son rôle de régulateur pour encourager l’innovation en ayant introduit des taxes qui font bouger: taxe sur le Co2 (source de financement du programme Bâtiments depuis 2010), étiquetage des appareils et des bâtiments, normes du bâtiment (SIA, Minergie) et la Rétribution à Prix Coûtant pour encourager les énergies renouvelables.
Mais que représentent quelques centaines de millions de CHF face à des programmes d’investissements massifs de relance économique alloués par exemple aux USA (64 milliards dollars) ou en Chine (40 milliards dollars) en 2009 dans ce domaine des cleantechs?
Cet état de faits conditionne les priorités et le type de marchés de cleantechs que la Suisse peut se permettre de poursuivre. Cependant nous pouvons faire confiance à la capacité d’innovation suisse et à sa précision technologique car de nombreux exemples de réussite et d’innovations d’excellence s’affichent régulièrement. A suivre dans une prochaine parution…et également sur les sites de CleantechsAlps et de façon plus générale sur celui de Swisscleantechs.
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