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La fission nucléaire: peur contre peur

Photo extraite de l'article de Bilan.ch du 16 mars 2011

Peur de manquer d’électricité CONTRE peur d’une nouvelle catastrophe nucléaire?
Il est malheureux d’en arriver à la catastrophe de Fukushima pour que l’humanité commence à élever sa conscience sur 150 ans d’endettement énergétique et environnemental dont 62 ans de nucléaire! Flash sur la position de la Suisse.

Au moment ou je rédige cet article, le réacteur n°3 de la centrale de Fukushima est toujours à son point de fusion et n’est refroidi que par les tonnes d’eau déversées, solution de « fortune » soutenue par l’espoir de remettre en route l’électricité et le système de refroidissement du réacteur.

GREENWASHING:
LE NUCLEAIRE, UNE ENERGIE « DECARBONNEE »

Les 2 terribles catastrophes nucléaires de Three Mille Island aux USA en mars 1979 et de Tchernobyl en Ukraine en avril 1986 ont servi des leçons techniques qui ont permis au nucléaire de fission de l’atome de justifier le renforcement de la sécurité de la 3ème génération de centrales en cours d’installations.
MAIS face à la « suprêmissime » peur de manquer d’électricité pour poursuivre notre soif de développement économique effréné, l’électro-choc ne s’est pas fait.
Depuis 2003, le nucléaire a en effet regagné des galons face:

  • à l’accroissement des besoins mondiaux en énergies,
  • au renchérissement des prix des énergies fossiles
  • aux engagements nationaux de réduire les émissions de CO2 de 10 à 20%.

Sur le plan du CO2, la confédération suisse a d’ailleurs modifié sa loi en mars 2011 et a décidé d’atteindre 20% de réduction de ses émissions d’ici à 2020.
L’Europe par l’intermède de la France a renommé tout récemment le nucléaire, énergie « décarbonnée »! Action proche du greenwashing.

LE NUCLEAIRE, UNE PROMESSE A DOUBLE TRANCHANT

Photo AFP/HO - 14 mars 2011, centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

Le nucléaire de fission bénéficie aujourd’hui d’une puissance installée en croissance et contribue à endetter l’humanité pour des millénaires (déchets radioactifs, coûts des démantèlements d’un parc vieillissant, coûts des nouvelles constructions, risques accrus de catastrophes face à un changement climatique certain).
Le nucléaire, c’est:

  • 14% de l’électricité produite dans le monde (Word Nuclear Association):
    Voulons-nous vraiment que cette part augmente face aux risques de non-maîtrise qui existeront toujours?
  • 443 réacteurs nucléaires en activité sur notre planète dont 104 aux USA, 58 en France et 55 au Japon
  • 65 nouveaux réacteurs en construction actuellement sur la base de la 3ème génération de centrale et près de 200 projets dont une centaine en Chine et une quarantaine en Inde:
    Ne pouvons-nous pas faire autrement que de laisser truffer l’hémisphère sud de centrales après l’avoir fait dans l’hémisphère nord?
  • toujours plus de Mega Watts: les nouvelles centrales annoncent des puissances de 1400 MW face aux 1000 MW des plus anciennes usines et donc des risques toujours plus grands en cas de catastrophes:
    Qui aurait pu prévoir l’imprévisible à Fukushima?
  • un prix au kWh le plus bas du marché:
    Quels sont les coûts réels de maintenance, de démantèlement et de remplacement de ce parc vieillissant?
    Le prix du kWh n’inclut pas les coûts extraordinaires de démantèlement d’une centrale en fin de vie. Le coût réel du kWh serait de 1,8 Euros au lieu des 6c Euros annoncés en moyenne.
    Voir « Les débats pro et anti-nucléaire actuels sur l’approvisionnement énergétique suisse à l’horizon 2025″ dans notre article du 2.2.11.
  • l’argument d’une énergie non émettrice de gaz à effet de serre:
    N’y a-t-il pas une autre voie que de devoir choisir un mix énergétique augmentant nos chances humaines de périr plus vite irradiés?

L'empire du nucléaire: photo extraite de l'article de l'Hebdo.ch du 17 mars 2011

La filière nucléaire n’a pas de solution immédiate autre que la dangereuse fission de l’atome. La 4ème génération de centrales du projet ITER donne l’espoir de la fusion nucléaire mais la première tentative de fusion d’atomes d’hydrogène n’est prévue qu’en 2019, avant la mise en oeuvre, en 2026.

« Il s’agit de faire fusionner différents types (isotopes) d’atomes d’hydrogène pour former de l’hélium. L’objectif est de dégager davantage d’énergie qu’on en consomme pour réunir deux petits atomes en un seul. », projet ITER

EFFICACITE ET MIX ENERGETIQUE CONTRE LA PEUR DE MANQUER

Face à la catastrophe humanitaire, économique et environnementale de Fukushima due au concours de circonstances naturelles imprévisibles combinant tremblement de terre inégalé et tsunami, il est urgent et possible de réagir sainement. Chaque pays étant maître en sa demeure, les choix du mix énergétique résulteront des politiques nationales.
Une des solutions n’est-elle pas de renforcer sans hésitation les investissements dans les cleantechs?

En Allemagne, le choix de sortir du nucléaire est pris depuis 10 ans et les énergies renouvelables ont bondi de 1 à 20% grâce au solaire et à l’éolien.
En Chine, malgré Fukushima, les plans nucléaires sont inchangés!


En Espagne et en France, nous pouvons espérer que la catastrophe actuelle sera un déclencheur pour que les plans de déploiement du solaire soient réhabilités après leur réduction il y a 2 ans pour l’Espagne et il y a quelques mois pour la France.
En Suisse, Doris Leuthard, la ministre de l’énergie a réagi très vite en suspendant les procédures d’autorisation de 3 nouvelles centrales nucléaires présentées par Alpiq, Axpo et FMB principaux producteurs d’électricité en Suisse. Ceci contribue à repousser le délai de votation populaire initialement prévu en 2013 à probablement en 2015 voire plus tard.
Plusieurs courants politiques s’appuient depuis plus de 2 ans sur les calculs du rapport Weinmann d’octobre 2009 (voir le résumé du rapport) qui démontre qu’il est possible de remplacer la production des 3 centrales nucléaires actuelles (21 TWh/an) par des économies d’énergies et des énergies renouvelables (cumul de 28 TWh/an).

« Sortir du nucléaire, c’est possible et cela ne signifie nullement revenir à la bougie », Roger Nordmann, conseiller national (PS/VD)

« Tant qu’il n’y aura pas de pénurie, il n’y aura pas de prise de conscience », Philippe Virdis, directeur du Groupe E (distributeur d’électricité sur les cantons de Fribourg, Neuchatel, Vaud et Berne)

« Je n’aime pas brandir le drapeau de la peur pour motiver les citoyens à renoncer au nucléaire et ceux qui me lisent souvent savent que j’ai suffisamment d’arguments », Isabelle Chevalley, députée Vert’Libéral

Photo extraite de l'article de l'Hebdo.ch du 17 mars

Et vous, quelle est votre réaction?
Personne ne peut rester indifférent.
Chacun d’entre nous a au fond de soi son opinion accrochée à ses peurs!

Liens:

Article de l’Hebdo.ch du 17 mars 2011: Fukushima, en état d’alerte nucléaire
Article de l’Hebdo.ch du 17 mars 2011: un tournant pour le nucléaire suisse
Article de Bilan.ch du 16 mars 2011

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