Sortie programmée du nucléaire en Suisse

 

La sortie programmée du nucléaire en Suisse est un sujet de grands débats, en préparation de la votation populaire du 27 novembre 2016. Cette communication fait, à l’heure actuelle, l’objet d’une campagne de communication nationale soutenue par plusieurs partis politiques et ONG. Comme je blogue sur le thème de l’énergie depuis des années, ce tournant historique m’a paru un nouvel instant clé à éterniser via cet article.

Il s’est écoulé 5 ans depuis mon article annonçant la décision de la confédération suisse du 25 mai 2011 de sortir progressivement du nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima.
Depuis, le premier paquet de mesures de la Stratégie énergétique 2050 (Révision du droit de l‘énergie) a été développé, déposé en septembre 2013 devant le Parlement, amendé maintes fois et enfin inscrit dans la loi sur l’énergie en vote final tout récemment le 30 septembre 2016.

Qu’en est-il de cette initiative »Sortie programmée du nucléaire » face à la Stratégie énergétique 2050?

Sortie progressive ou programmée du nucléaire?

Tout tient dans cette différence d’adjectifs!
Depuis le début de la stratégie énergétique 2050, les dates d’arrêt des 5 réacteurs nucléaires suisses n’ont pas été énoncées et la loi sur l’énergie votée le 30/11/2016 n’en mentionne aucune.
Pire, toutes les centrales ont des autorisations d’exploitation illimitées et peuvent rester en fonction pourvu que la sécurité d’approvisionnement soit garantie. Or, le réacteur de BeznauI (47 ans) est arrêté depuis un an pour des raisons de sécurité!
La Suisse détient le plus vieux parc de fission nucléaire au monde, trois de ses réacteurs atteignant respectivement 44, 45 et 47 ans.

Voilà ce qui explique l’initiative « Sortie programmée du nucléaire » qui dit s’inscrire en complément de la Stratégie énergétique 2050, alors que le conseil fédéral demande au peuple de la rejeter:

  • Limiter la durée de vie des centrales nucléaires à 45 ans
  • Interdire de construire et d’exploiter de nouvelles centrales nucléaires
  • Renforcer la Stratégie énergétique 2050 en matière d’économies en énergie et de développement des énergies renouvelables.

Pour vous donner une idée des divergences d’opinions, voici les récentes prises de position des Verts (Christian Van Singer, responsable de la communication pour la campagne de communication « Sortie programmée du nucléaire ») et du Conseil fédéral (Doris Leuthard, conseillère fédérale).

Le nucléaire perd du terrain dans le mix énergétique mondial en 2015, en ne représentant plus que 10.7%. Or en Suisse, il représente encore 38% du mix de production énergétique. L’initiative « Sortie programmée du nucléaire » propose de réduire d’un tiers ce pourcentage en fermant 3 réacteurs fin 2017, puis les deux suivants fin 2024 et fin 2029.

Un business model à repenser sans le nucléaire

Les communications s’intensifient autour de la question de l’initiative « Sortie programmée du nucléaire » et de la Stratégie énergétique 2050. La presse s’est emparée du sujet et multiplie les articles. Les associations partisanes de tout bord prennent position et s’allient à des ambassadeurs de leur cause,
S’il remporte ses 50’000 signatures d’ici au 19 janvier 2017, le référendum en préparation par l’UDC se positionne contre l’arrêt du nucléaire. Il pourrait d’ailleurs venir menacer la Stratégie énergétique 2050.
Et si ce potentiel référendum remettait le nucléaire au centre du mix énergétique du pays? Ne serait-ce pas un nouveau risque?

Les communications partisanes ont bien compris l’intérêt de jouer la carte de l’émotion en communication. Elles exploitent pré-jugés, peurs et croyances: peur de manquer, peur de payer plus cher l’énergie, peur de dépendance dans l’approvisionnement énergétique, peur des coûts de démantèlement des centrales nucléaires…Sur ce point, plus le démantèlement tarde, plus il risque d’être coûteux, sans compter les risques de sécurité.
Les communications en faveur d’une transition énergétique pour les énergies renouvelables et les économies d’énergie y voient, quant à elles, des opportunités économiques autant qu’environnementales.

Or, l’électricité n’a jamais été aussi bon marché qu’actuellement, à tel point que l’hydraulique suisse souffre et peine à se vendre: une hydraulique à 6,5 centimes face à un prix moyen de l’électricité à 2,8 centimes!

Au final, n’est-ce-pas le business model de certains acteurs de l’énergie qui est à repenser à travers les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie, plutôt qu’un OUI ou NON à une votation ou à un potentiel référendum brandi comme une arme politique?

De ceci, point de communication très engagée. Le sujet est délicat. Lisez l’avis de Jacques Neyrinck, ingénieur électricien, professeur honoraire EPFL et ancien Conseiller national PDC dans son article Réacteurs fous  du 16/10/2016 dans l’Hebdo

Des campagnes pour comprendre l’énergie

Voici deux campagnes récentes pour aider à comprendre comment fonctionne l’énergie et comment l’économiser.

La campagne de la Fédération romande des consommateurs (FRC):

Le nouveau site des Energies vertes de Romande Energie:

 

Sources:

Parlement.ch: objet 13.074 sur La stratégie énergétique premier volet.

Site web de Sortie programmée du nucléaire.

Bilan.ch: Le nucléaire en recul à l’échelle mondiale.

Association des entreprises électriques suisses: Production et mix énergétique.

Le Temps.ch: Des barrages suisses sont à vendre. Comment en est-on arrivé là?

Blog in-fuseon: Fukushima, nos mémoires sont courtes.

Campagne de la FRC sur YouTube

Site web Energiesvertes.ch

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